Editorial

En Haiti, la diplomatie n’a qu’un Chef

today02/10/2024 354

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    En Haiti, la diplomatie n’a qu’un Chef Par Jean Venel Casseus

Depuis 1987, Haïti évolue dans un régime semi-présidentiel. C’est le seul pays sur le continent américain qui continue à appliquer ce modèle de gouvernance à la française, où le président partage le pouvoir exécutif avec un Premier ministre émanant du Parlement. Toutefois, cette répartition des pouvoirs n’est pas absolue, car la Constitution haïtienne de 1987 confère au président de la République un pouvoir exclusif en matière de politique étrangère. En effet, selon l’article 139, le président est le chef de la diplomatie haïtienne. Cette prérogative lui permet de négocier et de ratifier des traités, de représenter Haïti à l’étranger, et de défendre les intérêts de la nation sur la scène internationale. Ce rôle est le système nerveux de la fonction présidentielle et vise à garantir la cohérence et la souveraineté de la politique étrangère haïtienne.

En Haïti, le rôle du président comme chef de la diplomatie est spécifiquement affirmé par la Constitution afin de le distinguer et de le préciser clairement, pour qu’il n’y ait aucune ambiguïté dans ce domaine ni conflit à ce sujet avec le Premier ministre. Ce dernier, en tant que chef du gouvernement, assure l’application de la politique générale du pays, mais sans prérogative directe en matière de politique étrangère. Cette distinction constitutionnelle vise à garantir une séparation des fonctions qui préserve l’autorité présidentielle dans les affaires internationales.

Dans le contexte haïtien, les périodes de crises politiques ont souvent révélé des tensions autour de l’exercice de la diplomatie. Le Premier ministre, bien qu’étant une figure centrale de la gouvernance interne, n’a pas le mandat constitutionnel de conduire directement la politique étrangère. Il peut être amené à représenter Haïti à l’extérieur dans des contextes spécifiques, mais cela reste subordonné à l’autorité et aux directives du président de la République.

La constitutionnalité du rôle du président dans la diplomatie vise avant tout à maintenir une cohérence dans la politique étrangère du pays. Toute tentative de redéfinir ce rôle, sans réforme constitutionnelle, pourrait mener à un déséquilibre institutionnel. Le respect du cadre constitutionnel, même dans un contexte d’exception, est à considérer pour éviter des conflits de pouvoir et garantir que les intérêts d’Haïti soient représentés de manière unifiée et cohérente sur la scène internationale.

La politique étrangère est une question de souveraineté, et cette souveraineté ne peut être divisée ni diluée entre plusieurs acteurs. En ce sens, il est impératif de maintenir le cadre défini par la loi fondamentale pour assurer une diplomatie solide et représentative des intérêts de la nation.

Ceci étant dit, affirmons que, dans le contexte légal haïtien, le chancelier dirige la diplomatie pour le président. Politiquement, il est son subordonné, même s’il relève du Premier ministre sur le plan administratif.

 

Par Jean Venel Casseus

Written by: La Rédaction

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