Editorial

Nos sangs coulent sous le pont, Conille passe et voyage.

today07/10/2024 47

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    Nos sangs coulent sous le pont, Conille passe et voyage. Par Jean Venel Casseus

Alors que le pays pleure le massacre en un clin d’œil par des groupes criminels de plus d’une centaine de ses fils et filles à Pont-Sondé,le Premier ministre et ministre de l’Intérieur Garry Conille a choisi de quitter Haïti pour se rendre au Kenya et aux Émirats arabes unis. Ce voyage, qui a commencé le 5 octobre 2024, a pour objectif, selon les informations officielles, de discuter de l’arrivée des contingents de policiers kényans pour renforcer la Mission Multinationale d’Appui à la Sécurité en Haïti. Mais la question que nous devons nous poser est : était-ce réellement une urgence ?

Le massacre de Pont-Sondé, dans l’Artibonite, par son ampleur et sa cruauté, est l’un des plus significatifs de notre histoire récente. En ces moments critiques, les habitants de Pont-Sondé, tout comme l’ensemble du peuple haïtien, ont besoin d’un chef de gouvernement présent, engagé et déterminé à mettre fin aux agissements des criminels qui terrorisent le pays. Le départ du Premier ministre, qui est également le chef du Conseil Supérieur de la Police Nationale, à un moment aussi délicat, envoie un mauvais signal : celui d’un gouvernement qui préfère s’éloigner de ses responsabilités plutôt que de soutenir concrètement la population.

Il n’y a aucune urgence au Kenya qui justifie l’absence du Premier ministre alors que la sécurité des citoyens est menacée chaque jour. Le déploiement de contingents supplémentaires est sans aucun doute une question importante, mais cela aurait pu être confié à des émissaires ou géré à distance. Ce qui est urgent, en revanche, c’est d’être aux côtés des forces de sécurité haïtiennes, de travailler avec elles sur le terrain, de montrer à la population qu’elle n’est pas seule face à cette violence.

La crise sécuritaire en Haïti se double d’une crise humanitaire qui ne cesse de s’aggraver, et la récente décision de la République dominicaine d’expulser 10 000 Haïtiens sans-papiers chaque semaine risque de détériorer encore davantage la situation. Ces expulsions entraîneront un afflux de familles vulnérables, augmentant la pression sur des ressources déjà limitées et exacerbant les défis humanitaires. Dans ces circonstances, ce ne sont ni les contingents kényans ni des partenariats avec les Émirats qui empêcheront le pire, mais un leadership local fort, présent et déterminé à agir immédiatement et concrètement.

La population haïtienne, épuisée par la violence des gangs, la misère et l’incertitude, mérite mieux que des promesses de partenariats en matière de nouvelles technologies ou d’assistance technique. Ce qu’il lui faut, c’est une action immédiate, une présence gouvernementale déterminée et un plan concret pour traquer les malfrats jusqu’à leurs dernières cachettes.

À un moment où les gangs s’étendent de plus en plus sur le territoire national, où les citoyens sont contraints de fuir leurs foyers, et où l’incertitude quant à l’avenir ne fait que grandir, il est inconcevable que le chef du gouvernement soit en voyage diplomatique, loin des préoccupations de ses concitoyens. Ce que le pays attendait après le règne d’Ariel Henry, c’était un leadership prêt à agir immédiatement pour restaurer la sécurité et soutenir la population. Malheureusement, ce qu’il obtient, ce sont des dirigeants absents qui donnent priorités qu’a leurs petits besoins.

 

Par Jean Venel Casseus

 

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