Editorial

Victimes nous sommes, victimes nous aimons être face aux Dominicains.

today11/10/2024 71

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    Victimes nous sommes, victimes nous aimons être face aux Dominicains. Par Jean Venel Casseus

La migration haïtienne vers la République Dominicaine est un sujet récurrent et complexe. Chaque année, des milliers d’Haïtiens sont renvoyés de la République Dominicaine vers Haïti, souvent dans des conditions jugées inhumaines. Toutefois, ni l’Organisation des États Américains (OEA) ni les Nations Unies (ONU) ne peuvent exiger l’arrêt de ces déportations, car la gestion de l’immigration relève strictement de la souveraineté des États. Bien que des appels puissent être lancés pour garantir le respect des droits humains lors des rapatriements, aucune organisation internationale n’a l’autorité d’imposer ses décisions en matière de sécurité intérieure. En effet, la question de l’immigration est avant tout une affaire de souveraineté nationale.

Face à cette réalité, Haïti doit d’abord examiner ses propres responsabilités. La posture victimaire peut susciter de la pitié, mais elle n’a aucun effet dans les relations internationales.

Lorsque les dirigeants d’un État échouent à créer des conditions de vie décentes et stables pour leur population, ils sont directement responsables des départs massifs de leurs citoyens. L’exil forcé est toujours le résultat d’une mauvaise gestion interne, d’une absence de réformes ou d’une incapacité à mettre en place des politiques publiques réalistes, viables et intégrées.

Un État qui se présente constamment en victime limite la portée de ses actions diplomatiques. Cela renvoie une image d’impuissance et d’incapacité. Les partenaires internationaux peuvent finir par se lasser de ses plaintes répétées, ce qui, naturellement, peut entraîner une perte d’intérêt et de soutien à son égard. De plus, cette posture peut masquer les efforts qui devraient être entrepris au niveau interne pour mieux gérer les crises migratoires.

Ailleurs sur le continent américain, la migration est également un défi partagé par de nombreuses nations, qu’il s’agisse des flux migratoires entre le Mexique et les États-Unis ou des migrations internes en Amérique centrale. Qu’on le veuille ou non, la République Dominicaine, avec ses propres enjeux de sécurité intérieure et de développement, agit dans le cadre de sa souveraineté, comme le font d’autres pays confrontés à des vagues migratoires importantes.

La véritable solution au problème migratoire entre Haïti et la République Dominicaine réside dans un équilibre entre le respect de la souveraineté dominicaine par l’État haïtien et le respect des droits des migrants haïtiens, même en situation irrégulière, par l’État dominicain. Cela ne peut être réalisé que dans le cadre d’une relation diplomatique fondée sur le respect mutuel entre les deux nations.

Haïti, au lieu de s’enfermer dans une posture victimaire ou belliqueuse, doit miser sur une diplomatie à la fois souple, visionnaire et stratégique envers la République Dominicaine, en mettant d’abord en place des réformes internes, puis en recherchant des accords bilatéraux et, si nécessaire, une intermédiation régionale.

Enfin ce qu’il faut éviter à tout prix dans les actions politiques et les discours publics, concernant les déportations des Haïtiens à l’étranger, c’est le double discours ou le double standard . Qu’il s’agisse des États-Unis ou de la République Dominicaine, les réactions de l’État haïtien doivent être encore et toujours responsables et … intelligeantes.

 

Par Jean Venel Casseus

Written by: La Rédaction

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