Docteure Sabine Lamour honorée pour son engagement envers le féminisme haïtien et la justice sociale.

À Brooklyn, New York, du 10 au 13 octobre dernier, la Haitian Studies Association (HSA) a tenu sa 36e conférence annuelle, réunissant des chercheurs, activistes et membres de la communauté haïtienne autour du thème “Nou Toute Se Moun | Centering Gender, Feminist Practice and Embodiment in the Work of Decolonizing Haitian Studies.” Ce grand rassemblement a servi de plateforme pour aborder de nombreuses questions telles que le féminisme, les pratiques de genre et les efforts de décolonisation dans les études haïtiennes.

Durant cet événement, la sociologue et militante féministe haïtienne Sabine Lamour a reçu le Award for Excellence. Cette distinction lui a été attribuée en reconnaissance de son travail exceptionnel pour l’avancement du féminisme haïtien et de son engagement sans faille pour la justice sociale en Haïti. Son leadership, notamment au sein des mouvements de défense des droits des femmes, a contribué à mettre en lumière les défis rencontrés par les femmes haïtiennes dans la société contemporaine.

Titulaire d’un doctorat en sociologie, Sabine Lamour est professeure d’université en Haïti et aux Etats-Unis. Ses publications et interventions publiques visent à sensibiliser à l’importance des droits des femmes et à proposer des solutions concrètes pour un avenir plus équitable. Parmi ses travaux les plus notables, l’ouvrage “Déjouer le silence: Contre-discours sur les femmes haïtiennes”, coécrit avec Denyse Côté et Darline Alexis, offre une perspective critique sur la situation des femmes en Haïti. Ce livre, publié en 2018, a été largement salué pour sa rigueur académique et son approche novatrice du féminisme haïtien et de l’intersectionnalité. Sabine Lamour a également publié de nombreux articles dans des revues académiques, explorant des thématiques liées à la colonialité et à la justice sociale.

Dans ses travaux, Sabine Lamour engage, entre autres, une réflexion critique sur la nécessité d’un féminisme ancré dans les réalités locales, qui prend en compte les dimensions culturelles, historiques et socio-économiques propres aux sociétés post-coloniales comme Haïti.

Son approche théorique inclut également une réflexion sur le rôle de la décolonisation des savoirs. Lamour critique la dominance de certaines perspectives dans les sciences sociales et milite pour une réappropriation des savoirs par les femmes haïtiennes qui, selon elle, doivent être à la fois actrices et productrices de connaissances sur leur propre histoire et leurs luttes.

Rappelons que la Haitian Studies Association, fondée pour promouvoir l’étude et la valorisation de l’histoire, de la culture et des défis contemporains d’Haïti, organise chaque année une conférence réunissant des experts du monde entier pour échanger sur les avancées dans le domaine des études haïtiennes.

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Par Gina Charles