Chronique

Nos dirigeants, le second vautour du massacre de Pont Sondé

today18/10/2024 49

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    Nos dirigeants, le second vautour du massacre de Pont Sondé Par Jean Venel Casseus

En 1994, un journaliste photographe sud-africain, Kevin Carter, a été qualifié de « second vautour » après avoir pris un cliché tristement célèbre d’un vautour attendant la mort d’un enfant, apparemment victime de la famine au Soudan. Malgré son prix Pulitzer, ce journaliste a été profondément affecté par cette qualification, perçue comme une complicité passive face à la souffrance humaine.

Un vautour n’attaque pas, il attend que d’autres prédateurs fassent le travail sale pour en profiter. C’est exactement dans cette posture que nos récents et actuels dirigeants haïtiens semblent évoluer. À l’image de ce vautour, ils ne sont pas les instigateurs directs de la violence, mais en bénéficient en laissant la situation se dégrader sans jamais intervenir de manière décisive. Les massacres, comme celui de Pont Sondé, témoignent cruellement de cette complicité.

Le 3 octobre dernier, plus de 100 vies ont été fauchées par des groupes armés qui, non seulement agissent dans une impunité totale, mais revendiquent effrontément leurs crimes. Et que font nos dirigeants ? Rien.

Plus de deux semaines après ce carnage, aucune arrestation, aucune opération sérieuse n’a été menée pour traquer et neutraliser les criminels responsables. Nos dirigeants se complaisent dans l’inaction, adoptant une position d’observateurs silencieux, tels Kevin Carter lors de sa tristement célèbre photographie. Ils semblent attendre le prochain massacre, comme si chaque tragédie n’était qu’un nouvel épisode d’un spectacle morbide auquel ils assistent de loin, sans jamais intervenir.

Les dirigeants haïtiens d’aujourd’hui, qu’ils soient du Conseil Présidentiel, de la Primature, de l’Armée ou de la Police, se contentent de réagir après coup, souvent par de simples déclarations publiques vides de sens, sans jamais prendre de mesures concrètes pour protéger la population. Ils s’abritent derrière des promesses de réformes qui n’aboutissent jamais. Consciemment, on dirait, ils se positionnent eux-mêmes comme des vautours, attendant que les événements se déroulent pour en tirer leur profit politique ou financier.

Le peuple haïtien, quant à lui, est pris au piège de cette violence incontrôlée. Il pleure ses morts, enterre ses victimes et assiste, impuissant, à la désagrégation de son pays. Les populations des zones touchées par la violence, comme à Pont Sondé, sont laissées à elles-mêmes, sans protection, sans recours. Leur détresse est palpable, et pourtant, elle semble invisible aux yeux de ceux qui détiennent le pouvoir.

Parler de « vautour » pour désigner nos dirigeants n’est pas qu’une métaphore, c’est une réalité. Ils se tiennent à l’écart, observant la destruction, la mort et le désespoir, sans jamais agir, sans jamais remplir leur devoir fondamental de protection et de justice. Au contraire, ils en profitent. En se comportant ainsi, ils trahissent non seulement le peuple haïtien, mais aussi les principes mêmes d’un État de droit. Haïti mérite mieux que des dirigeants qui se contentent de regarder la mort passer, attendant patiemment que la prochaine tragédie leur offre une nouvelle occasion de déplorer et de s’enrichir.

Ce cycle doit être brisé. Les vautours, qu’ils soient les premiers ou les seconds, ne peuvent continuer à dévorer impunément l’avenir d’un pays déjà si meurtri. Haïti a besoin de dirigeants qui se lèvent, qui se lavent, qui agissent, qui protègent. Des dirigeants qui n’aiment pas le spectacle de la mort.

 

Par Jean venel Casseus

Written by: La Rédaction

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