Editorial

Les réseaux sociaux, l’arme fatale de l’insécurité en Haïti.

today28/10/2024 68

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    Les réseaux sociaux, l’arme fatale de l’insécurité en Haïti. Par Jean Venel Casseus

Dans une guerre, plusieurs batailles se jouent simultanément, et celle de la communication n’est pas des moindres. À l’ère du numérique, l’arme la plus redoutable dans cette bataille n’est autre que les réseaux sociaux. Contrairement aux armes traditionnelles comme les AK-47 ou les M1, qui infligent des pertes humaines immédiates, les réseaux sociaux, lorsqu’ils sont utilisés à des fins criminelles, ont le pouvoir d’infliger des dommages bien plus profonds, capables de détruire des générations entières.

Les réseaux sociaux, conçus à l’origine pour favoriser les échanges et renforcer les liens sociaux, ont pris en Haïti une tournure bien différente. Pour certains gangs armés, ces plateformes, notamment TikTok et WhatsApp, sont devenues des outils stratégiques pour diffuser leurs messages, justifier leurs actions criminelles et façonner une image publique favorable. Cette stratégie habile expose les faiblesses de l’État tout en donnant aux gangs une apparence de protecteurs des plus vulnérables.

Dans cette logique, certains chefs de gang deviennent de véritables figures publiques. Récemment, une vidéo virale montre un chef de gang distribuant de l’argent à des enfants pour soutenir leur scolarisation. Dans une autre scène, il apparaît entouré de compatriotes récemment expulsés de la République dominicaine, adoptant une posture bienveillante. À travers ces gestes soigneusement orchestrés, ces criminels s’efforcent de bâtir une image positive, dissimulant leurs activités violentes derrière une façade de générosité et d’entraide.

Cette approche évoque les enseignements de Sun Tzu, qui soulignait que la victoire ne repose pas uniquement sur les pertes infligées à l’ennemi, mais aussi sur la capacité à conquérir l’opinion publique. En construisant un capital de sympathie, les gangs parviennent à se présenter comme des acteurs essentiels dans un contexte où l’État semble absent. Cette manipulation de l’image publique devient un atout précieux, leur permettant d’obtenir un soutien tacite et de recruter de nouveaux membres parmi une population désabusée en quête de protection.

Incapable de contrer la propagande numérique des gangs, L’État haïtien se trouve aujourd’hui dans une situation critique. Il laisse aux criminels la possibilité de combler un vide social et sécuritaire qu’il n’arrive pas à remplir. Ce manque de réponse renforce l’image d’un État affaibli et, dans certaines communautés, légitime la présence des gangs.

Pour faire face à ce défi, l’État haïtien doit réadapter ses stratégies. Et, afin de restaurer la confiance et freiner l’influence croissante des gangs, il est impératif qu’il s’investisse activement dans la bataille de la communication, en empêchant les criminels d’accéder aux outils numériques. Une communication claire et soutenue par des actions concrètes permettra de réaffirmer la présence de l’État et son engagement à protéger la population. Il faut donc activer le soldat dormant CONATEL.

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