Editorial

Mario Andrésol, un éléphant dans une boîte à maquillage

today15/01/2025 572 1 5

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Par Jean Venel Casséus

L’installation officielle de Mario Andrésol comme Secrétaire d’État à la Sécurité Publique a suscité beaucoup d’enthousiasme dans divers milieux, car nombreux sont ceux qui reconnaissent son engagement au sein de la Police Nationale. Les actions qu’il a déjà menées dans cette institution ont laissé une empreinte positive, renforçant les espoirs placés en lui.

Cependant, deux éléments ont particulièrement retenu mon attention lors de la cérémonie. Le premier est la forte présence des autorités publiques, notamment le Président du Conseil Présidentiel de Transition, le Premier Ministre, le Ministre de la Justice et le Directeur Général de la Police. Cette mobilisation témoigne de l’importance symbolique de cette nomination, même si en réalité, le poste de Secrétaire d’État à la Sécurité Publique, dans l’état actuel de l’administration publique, n’est qu’une coquille vide.

Le second élément notable est le contenu du discours de Mario Andrésol. Ce dernier a présenté une vision qui dépasse largement le cadre de la sécurité publique, s’exprimant davantage comme un « super-ministre ». À mes yeux, cela est un mauvais signe. Soyons clairs : un secrétaire d’État est censé jouer un rôle secondaire, en appui à son ministre. Ces trente dernières années, les Secrétaires d’État à la Sécurité Publique ont toujours été soumis à la bonne volonté des Ministres de la Justice. Beaucoup n’ont laissé comme souvenir que de belles paroles et une image de façade, voire sont restés inconnus du grand public.

Un autre problème majeur est l’absence de structure claire définissant les relations hiérarchiques entre le ministre, le secrétaire d’État et le Directeur Général de la Police. Aucun des trois n’a d’autorité hiérarchique directe sur les autres. Pour être précis, contrairement aux idées reçues, le Ministre de la Justice n’a pas de prééminence hiérarchique sur le Directeur Général de la Police, et encore moins sur le Secrétaire d’État à la Sécurité Publique. À en juger par l’ampleur du discours de Mario Andrésol, cette ambiguïté risque d’entraîner des rivalités d’autorité entre ces trois figures, entravant leur collaboration dans la résolution des problèmes de sécurité publique, notamment si les égos entrent en jeu.

Selon moi, il serait plus pertinent que le Conseil Présidentiel de Transition crée un Conseil d’État pour la sécurité multidimensionnelle. Mario Andrésol pourrait y jouer un rôle pivot au rang de ministre, avec un mandat clair et davantage de liberté d’action. Dans une telle structure, il aurait les moyens d’agir comme un chef d’orchestre, reliant les différents piliers de la sécurité nationale, publique, alimentaire, sociale, et bien d’autres. Il pourrait défendre les intérêts des citoyens non seulement en matière de protection des vies et des biens, mais également en élaborant des politiques interdépendantes qui abordent tous les aspects des problèmes, sans les réduire à de simples questions d’armement. Cette responsabilité lui donnerait les outils nécessaires pour travailler avec plus d’efficacité, tout en minimisant les conflits d’autorité qui persistent dans le système actuel.

En définitive, nommer Mario Andrésol Secrétaire d’État à la Sécurité Publique revient à placer un taureau dans une petite cage. Il a tout à perdre et rien à gagner.

Written by: La Rédaction

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