Editorial

ULCC le Golgotha du larron Smith?

today30/09/2024 129

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    ULCC le Golgotha du larron Smith? Par Jean Venel Casseus

Le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) a été officiellement installé le 15 juillet 2024, avec pour mission de superviser la transition politique en Haïti durant une période particulièrement délicate. Un décret publié le 20 août 2024 a instauré la présidence tournante au sein du CPT, établissant une alternance régulière entre ses membres afin de garantir une gestion équilibrée et éviter toute concentration de pouvoir. Selon ce décret, Monsieur Edgard Leblanc, actuel président du CPT, doit céder sa place à Smith Augustin le 8 octobre 2024.

Cependant, cette passation de pouvoir est aujourd’hui compromise par une affaire de corruption impliquant trois des conseillers-présidents du CPT, dont Smith Augustin lui-même. L’ancien président de la Banque Nationale de Crédit (BNC), Raoul Pierre-Louis, a accusé ces conseillers de l’avoir exigé 100 millions de gourdes pour conserver son poste, ce qui a poussé l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) à ouvrir une enquête pour faire la lumière sur ces allégations. Le pays tout entier attend depuis le rapport de cette enquête pour savoir si la rotation prévue à la tête du CPT pourra se dérouler comme prévu ou si elle sera entravée par les accusations en cours.

Dans ce contexte tendu, plusieurs scénarios possibles se dessinent quant à l’issue de cette affaire et ses répercussions sur la gouvernance d’Haïti. A notre avis, Cinq scénarios peuvent être envisagés : le scénario du vide, celui de l’incertitude, celui de l’innocence, celui de la culpabilité, et enfin, celui du coup de force.

Le scénario du vide.
Si, au matin du 8 octobre, l’ULCC n’a toujours pas finalisé son rapport, elle ne pourra pas se prononcer sur les accusations portées par Raoul Pierre-Louis contre Smith Augustin et les autres conseillers impliqués. Peut-on alors empêcher Smith Augustin de succéder à Edgard Leblanc ? En l’absence d’un rapport officiel, il serait injuste de lui refuser ce droit. Empêcher quelqu’un d’accéder à une position sans preuves concrètes reviendrait à permettre à n’importe qui de nuire à la réputation d’autrui par de simples accusations. L’État ne peut se prêter à ce jeu, qui finirait par miner la confiance dans les institutions et ébranler les fondements mêmes de la nation.

Le scénario de l’incertitude.
Un autre scénario envisageable est que l’ULCC produise un rapport, mais conclue qu’elle manque de preuves suffisantes pour statuer sur l’affaire. Oui, Ce scénario est probable, car l’enquête est jusqu’ici compliquée par le refus de Raoul Pierre-Louis de se confronter aux accusés, qui bénéficient de l’immunité présidentielle. Sans cette confrontation, il est difficile de discerner le vrai du faux parmi les témoignages recueillis. Si donc l’ULCC laisse la question en suspens, Smith Augustin pourrait légalement succéder à Edgard Leblanc, mais le doute persisterait dans l’opinion publique, une situation ambiguë qui affaiblirait la crédibilité du CPT.

Le scénario de l’innocence.
Si l’ULCC estime que les accusations portées par Raoul Pierre-Louis sont sans fondement, notamment parce que ce dernier a refusé à plusieurs reprises de se présenter aux convocations pour une confrontation, elle pourrait alors classer l’affaire. Cette décision permettrait à Smith Augustin de prendre la présidence sans obstacle, avec une légitimité renforcée par l’abandon des accusations. Cela mettrait fin à la controverse, et il pourrait ainsi assumer ses fonctions en toute confiance.

Le scénario de la culpabilité.
Si, avant le 8 octobre, l’ULCC publie un rapport défavorable aux trois conseillers-présidents accusés, cela indiquerait que Smith Augustin n’est pas moralement apte à prendre la présidence du CPT. Toutefois, un rapport de l’ULCC ne constitue pas un jugement formel et ne peut pas entraîner une condamnation légale. Ainsi, même face à un rapport défavorable, Smith Augustin pourrait tenter de revendiquer son droit à la présidence.

Le scénario du coup de force.
En cas de rapport défavorable de l’ULCC, si les conseillers-présidents incriminés refusent de démissionner, les autres membres votants du CPT et les deux observateurs devront se prononcer officiellement sur l’acceptation ou le rejet des conclusions du rapport. Si ces conclusions sont rejetées, cela pourrait entraîner la dissolution du CPT, une issue désastreuse pour la stabilité politique du pays. À l’inverse, accepter les conclusions défavorables nécessiterait des mesures pour empêcher Smith Augustin d’accéder à la présidence, voire forcer les conseillers impliqués à démissionner. Cependant, selon les règles internes du CPT, toute décision doit être prise par une majorité de cinq membres votants, ce qui signifie que les quatre conseillers-présidents restants ne peuvent, légalement, statuer seuls sur le sort des trois autres. Dans ce cas, seul un coup de force populaire pourrait clore le spectacle.

 

Par Jean Venel Casseus

Written by: La Rédaction

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