Editorial

Il faut qu’on regarde le blanc dans le blanc des yeux.

today15/11/2024 53

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    Il faut qu’on regarde le blanc dans le blanc des yeux. Par Jean Venel Casseus

Haïti traverse une période critique, marquée par une gouvernance exceptionnelle et une insécurité généralisée. L’Exécutif, composé d’un Conseil Présidentiel de neuf membres et d’un Premier ministre, devait incarner une solution provisoire, mais peine à restaurer l’ordre dans un contexte où des bandes criminelles contrôlent de vastes portions du territoire. Elles transforment, sans peur ni crainte, des quartiers et des villes en zones d’influence hors du contrôle de l’État.

Aujourd’hui, l’isolement international amplifie cette crise. L’espace aérien dominicain, inaccessible aux Haïtiens, et la suspension des vols américains privent le pays d’une connectivité vitale. Cet enclavement aggrave à la fois les échanges commerciaux et les capacités d’intervention humanitaire et de coopération régionale, ce qui limite naturellement les réponses possibles face à une situation déjà complexe.

Sur le plan interne, les réseaux criminels prospèrent. Des rapports évoquent un commerce de drogues et, plus récemment, des soupçons de trafic d’organes. Ces activités illicites trouvent un terrain fertile dans l’effondrement des institutions, où l’absence de contrôle étatique facilite l’exploitation des populations les plus vulnérables.

Cependant, il serait simpliste de réduire les bénéficiaires de cette situation au seul camp des criminels armés. Une frange bien établie de la bourgeoisie haïtienne, souvent décrite comme apatride, tire également profit du chaos ambiant. Ces élites économiques, historiquement détachées des aspirations populaires, maintiennent leur influence en exploitant l’absence de régulation de l’État. Grâce à des monopoles sur des secteurs clés comme l’import-export, les services financiers, et même certains pans de l’agriculture, cette bourgeoisie prospère dans un environnement où la majorité de la population vit dans la précarité. Le chaos leur permet non seulement d’éviter toute réforme redistributive, mais aussi de consolider leur pouvoir en privant les institutions de toute capacité de régulation efficace.

À cela s’ajoute une ingérence internationale qui, loin de résoudre la crise, semble parfois l’exacerber. Certains acteurs étrangers, sous couvert d’assistance humanitaire ou de sécurité, imposent des solutions inadaptées, renforçant la dépendance du pays à l’égard de puissances extérieures. La gestion des ressources, le soutien à des figures politiques controversées, et l’imposition de politiques économiques non adaptées aux réalités locales sont autant de facteurs qui alimentent le cycle de désordre. Cette ingérence intentionnelle contribue à affaiblir encore davantage les institutions haïtiennes en sapant leur légitimité et leur souveraineté.

À défaut  d’un effort concerté pour restaurer l’autorité de l’État et rétablir un minimum d’équilibre socio-économique, ce statu quo risque de se pérenniser. Haïti n’est pas en crise par accident, mais parce que certains y trouvent leur compte, qu’ils soient criminels de terrain, élites économiques opérant dans l’ombre ou acteurs étrangers prédateurs. Cette triple exploitation – par la violence armée, la domination économique et le jeu géostratégique – maintient le pays dans une spirale de pauvreté et d’insécurité, dont la population est la première victime.

Comment sortir de ce chaos? c’est la grande question. A mon humble avis, Nous devons commencer par nous regarder dans notre propre miroir, puis, avec force et courage, apprendre à regarder le blanc dans le blanc  des yeux.

 

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