Un Conille reste un Conille, même avec l’âge.

Via une lettre empreinte de lyrisme paternaliste, monsieur Serge Conille, octogénaire, médecin et ancien ministre des Sports sous la dictature de François Duvalier, s’est adressé publiquement à son fils, Garry Conille, ancien Premier ministre récemment déchu pour manque de résultats et arrogance féroce. Dans cette correspondance, il tente de redorer l’image ternie de son fils en vantant ses « sacrifices » et sa « sincérité ». Mais les faits sont têtus : le mandat éclair de Garry Conille reste un symbole de promesses non tenues et de gouvernance inepte.

Durant ses quatre mois à la Primature, Garry Conille n’avait pas su amorcer l’enrayement de l’insécurité galopante qui asphyxie Haïti. Malgré l’arrivée des renforts kényans, les gangs avaient continué à étendre leur emprise, semant la terreur au sein de la population. Cette incapacité à rétablir l’ordre avait révélé un manque criant de stratégie et d’organisation. Loin d’inspirer confiance, son administration avait accentué la perception d’un État dépassé par les événements.

Sur le plan politique, Garry Conille s’était illustré par son incapacité à créer une cohésion de travail avec le Conseil présidentiel de transition. Ses relations tendues et son autoritarisme mal dissimulé avaient conduit à une impasse institutionnelle. Décrié pour son arrogance et son intransigeance, il a été limogé en octobre 2024, un départ prévisible pour un chef de gouvernement incapable de fédérer les forces nécessaires à la stabilité.

Par ailleurs, la gestion de l’aide internationale sous son mandat avait révélé de graves carences. Les retards dans l’arrivée des fonds et l’incapacité à structurer une réponse humanitaire adéquate avaient aggravé une crise humanitaire déjà catastrophique : preuve d’une déconnexion entre les discours de « patriotisme sincère » vantés par son père et une réalité marquée par l’incompétence et l’inefficacité.

De plus, « D’aucuns ne prennent les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages. » Que dire des millions que Garry Conille aurait encaissés à des fins personnelles durant ces quatre mois à la Primature? Comme l’a si bien signalé un journaliste chevronné, en ajoutant : « Tel père, tel fils. »Suivez mon regard.

Tout compte fait, la lettre de Serge Conille, en célébrant les intentions et les valeurs de son fils, ignore les faits concrets qui ont marqué son mandat : échecs sécuritaires, désorganisation politique et inefficacité. Évoquer un jugement futur de l’histoire comme excuse ne peut masquer l’impact immédiat de ces carences sur le quotidien des Haïtiens.

Haïti traverse une période critique qui exige un leadership fort et des actions concrètes. Les échecs du mandat de Garry Conille doivent toujours nous rappeler que les intentions, aussi louables soient-elles, ne suffisent pas à répondre aux attentes d’un peuple en détresse. Le pays a besoin de dirigeants capables d’agir avec efficacité et de produire des résultats, pas de se réfugier derrière des plaidoyers familiaux.

Enfin, un Conille reste un Conille : ça ne fait que coniller, malheureusement.

Jean Venel Casséus.